Pas d’urgence ?

Covid-19 et crise du climat

Souvenez-vous ! Le 13 mars de l’an passé, il y avait en Suisse 1000 personnes malades de la covid-19. En soi, ce nombre n’était pas bien impressionnant ; à l’échelle de ma petite ville, cela représentait peut-être une ou deux personnes – que je ne connaissais pas d’ailleurs. Le problème était autre : le nombre de malades doublait en moins de 3 jours ; il se multipliait par dix en 10 jours. À ce rythme, le système de santé aurait été débordé avant la fin du mois ; on voyait venir le chaos médical, peut-être le chaos national. Il y avait urgence. Le Conseil fédéral a pris ses responsabilités. Il nous a tous enfermés. Seize mois plus tard, l’épidémie n’est, certes, pas terminée, mais, chez nous, elle semble sous contrôle. (Touchons du bois et espérons que nos dirigeants seront courageux.) La vie, presque normale, reprend. Bravo le Conseil fédéral.

Malheureusement, il existe une autre histoire qui, elle, n’est pas sur la voie d’être résolue. La Terre est malade de notre civilisation. Elle a déjà pris un gros degré, en 2050 la fièvre aura plus que doublé, à la fin du siècle la Terre sera morte… morte en tout cas dans l’état ou nous l’aimons. Mais la majorité d’entre nous s’en fiche, trouve de trop les quelques centaines de francs que leur demandait la loi CO2 alors qu’une cour du Tribunal fédéral constatait : « il n’y a pas d’urgence ».

Comment comprendre ?

 

Un futur impensable.

Est-ce l’échelle du temps qui nous dépasse ? La catastrophe du virus, annoncée comme imminente à mi-mars de l’an passé, était un coup de massue qui exigeait une réplique immédiate. Avec le climat, l’échelle temporelle n’est pas marquée au rythme de la semaine ou du mois. Elle l’est par les années qui nous restent jusqu’à 2050 et notre promesse d’avoir alors réglé le problème. Elle l’est semblablement par les 30 ans du temps de doublement de l’anomalie de température.

Trente ans, c’est long ! Dans ma vie, j’ai souvent pensé aux dix prochaines années, mais jamais je ne me suis sérieusement imaginé mon avenir trois décennies plus tard.  Il est facile de vivre au présent, se projeter le temps d’une génération semble impossible. Notre intellect est brillamment capable d’échafauder n’importe quel futur, mais, au-delà du futur immédiat, les sentiments, les émotions et le cœur ne suivent pas. Voilà peut-être pourquoi une majorité de Suisses préfèrent en rester au présent – qui ne va pas si mal – plutôt que de se projeter dans un futur lointain et inquiétant.

 

Un passé inacceptable.

Au manque de réactivité de la majorité de la population suisse il y a peut-être une autre explication, plus difficile à admettre. Nous, adultes d’aujourd’hui, avons été ceux des 30 glorieuses et de leur suite qui ne le semblait guère moins. Mais voilà que cette gloire se décompose. Nous découvrons que, sans en avoir eu conscience, nous avons fait tout faux. Nous commençons à nous en rendre compte. Greta Thunberg l’exprimait ainsi à la COP 24, le 18 décembre 2018 à Katowice : « Vous ne parlez que de continuer cette mauvaise idée qui nous a mis dans le pétrin. Vous n’êtes pas assez mûr pour dire les choses comme elles sont. Même ce fardeau, vous le laissez à nous, les enfants ». Dur, dur ! Mais elle a raison.

À en rester là, il y aurait de quoi désespérer.

 

Un présent assumé.

Désespéré ? Non, l’erreur est humaine. J’en ai fait plein dans ma vie. Le désir de contribuer à les corriger est motif d’action et, souvent, source de satisfaction. Les tâches ne manquent pas.  Je continue ! Merci d’en faire autant.