Au pied du mur

Tout le monde le sait, mais si peu y croient.

Ils ne sont plus guère nombreux, ceux qui n’ont pas compris que le monde va droit dans le mur et que l’avenir de ceux qui viendront après nous est mortellement menacé.  Les scientifiques l’affirment, les médias reprennent le message en boucle, tout le monde le sait, mais, comme la goutte d’eau sur les plumes d’un canard, la tragique nouvelle passe sans même qu’on ne s’ébroue. Pourquoi ?

Certains neurologues expliquent que le savoir acquis dans notre cerveau intellectuel du lobe frontal ne touche pas notre cerveau reptilien, initiateur des émotions. La catastrophe annoncée de 2050 que la loi sur le CO2 voulait éviter est loin, trop loin pour que nous nous en agitions. On a voté « non » et on continue d’en faire juste assez pour oser prétendre que l’on fait quelque chose. Visiblement, 30 ans, 20 ans ou 10 ans, sont trop pour y croire.

Un mois, c’est différent. On l’a vu le 15 mars de l’an passé, quand il est apparu que notre système médical allait au collapse avant la fin du mois. Chacun a pu alors s’imaginer être en train d’étouffer sans soins dans les couloirs d’un hôpital submergé. On ne l’a pas supporté. Avec le Conseil fédéral, on a accepté en applaudissant les mesures qui nous ont – momentanément – tirés d’affaire.

Est-ce la réponse à ma question ? Pour agir, la menace à l’échéance du mois est efficace ; à dix ans, elle est trop loin pour nous toucher.

 

Sur la Place fédérale à Berne, depuis 37 jours, Guillermo Fernandez est en grève de la faim parce qu’il veut sauver la vie de ses enfants. Il sait que, sans mesures fortes et rapides, celle-ci sera probablement invivable dans 10, 20 ou 30 ans. Le 27 août, peu après avoir pris sa décision, il expliquait l’action qui allait entreprendre dans une belle lettre qu’il nous adressait à tous. Il faut la lire.

https://sites.google.com/fernandez-guggisberg.name/terreur-climatique/en-bref.

Il demande simplement que les parlementaires fédéraux étudient sérieusement les données scientifiques qui prouvent l’étendue du drame et la nécessité d’une action urgente. Il n’arrêtera pas sa grève avant. Trente-sept jours, c’est déjà beaucoup. Quelques mois seront trop. Nos parlementaires sont au pied du mur et nous avec eux.

 

Dix ans, vingt ans ou trente ans, c’est trop loin. Mais, un papa qui meurt sur la Place fédérale en ces temps de Noël et Nouvel An fera peut-être comprendre que l’urgence est vraiment là. Il faut que nos parlementaires le réalisent. Il faut que nous sachions tous que son combat est le nôtre. Maintenant ! Retrouvons-nous samedi à 16:30 sur la Place fédérale, pour, avec lui, le faire savoir.