La bulle et le vent

Aujourd’hui, le 29 septembre 2023, la température atteint 25° et la limite du zéro dépasse l’altitude de la Dent-Blanche. La bulle atmosphérique est revenue. Elle n’est pas tout à fait aussi forte que celle que nous avons vécu cet été, mais, cette masse d’air, exceptionnellement chaude, bloquée pendant des jours et des jours sur notre petit territoire, étonne. On se demande bien, ce qui se passe avec notre atmosphère. Bien sûr, un de ces jours, le vent reviendra et, pff, il soufflera la bulle et nous retrouverons, peut-être, un automne un peu plus normal. 

L’image de la bulle et du vent qui la souffle me parle dans un autre contexte.

Revenons à Thomas Piketty et à son livre « Une brève histoire de l’humanité » résumant en 350 pages l’œuvre magistrale de cet historien-économiste. J’en parlais dans ma dernière rubrique (https://www.dubochet.ch/jacques/?p=1600). Avec sa vue perçante et synthétique, Piketty conclut que, au cours des siècles, l’humanité évolue globalement vers plus d’égalité et plus de démocratie. C’est bien ! Mais il décrit surtout le terrible combat que mènent les possédants pour développer et assurer leur bulle techno-financière qui domine aujourd’hui l’ensemble du monde. On commence avec Marco Polo qui, à la fin du 13e siècle, ouvrit le Monde à l’Europe sortant du Moyen âge. Vinrent ensuite la révolution industrielle, l’esclavage, le sous-prolétariat des nations dites riches, les canuts de Lyon et tous les combats sociaux des deux derniers siècles. Ainsi se construisit, dans la douleur, la bulle dans laquelle les riches ont structuré leur pouvoir. Rabelais, avec son l’aphorisme « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » se retourne dans sa tombe et moi, furieux, je constate que la conscience n’est pas incluse dans la bulle. Pour les riches, la vie est magnifique. Les autres ont les miettes, jolies pour certain.nes, petites pour beaucoup, misérables pour la majorité. La bulle semble solide. Elle aurait pu continuer ad vitam æternam.

Eh bien, non ! La bulle oubliait un élément : la Terre. Celle-ci a longtemps supporté les coups, mais elle commence à en avoir marre ; elle ne joue plus le jeu. Des personnes visionnaires l’avaient annoncé depuis des décennies ; le modèle de croissance que la bulle impose ne peut pas durer – c’est mathématique. Toutes les analyses convergent ; la hausse de la température et la disparition des espèces et des espaces naturels sont la conséquence directe de la croissance exponentielle de la fortune des riches. L’évidence frappe ; les bulles de canicule, la tornade de La Chaux-de-Fonds et les yeux qui piquent dans la moitié de l’Amérique du Nord passent mal dans la population. Le vent de la nature se lève sur la bulle. Quand va-t-elle être soufflée ? Enfin, la question est posée. De plus en plus de gens se rendent compte qu’on ne peut pas continuer comme avant. J’ai l’impression qu’un nombre croissant d’entre eux est en passe de virer franchement du côté de la nature. Ceci est une bonne nouvelle.

Hier sont arrivés nos bulletins de vote pour le 22 octobre. Bien sûr, j’espère un raz de marée vers la gauche, celle qui s’engage le plus radicalement pour notre Terre et ses habitants. Dans notre famille, c’est Ensemble à Gauche que nous soutenons. Honnêtement, je ne suis pas certain que les élections seront un immense succès. Les obsédés de la bulle se mobilisent, car ils perçoivent le danger. La rudesse de la campagne et les sommes versées aux différents partis en témoignent.  Pourtant, la bulle a déjà perdu. La réalité et la nature ne peuvent que gagner. Choisissons notre camp. Le plus tôt sera le mieux. Votons aujourd’hui, votons juste.

Merci à tous.