Nikoko est un ardent défenseur de la liberté, de la vie et du climat.
Il a photographié deux personnes qui collaient sur les murs du parlement quelques pages du dernier rapport du GIEC. Ces feuilles précisaient ce que les scientifiques annoncent depuis longtemps : notre civilisation court à sa perte. La police lui a collé une amende. N’ayant rien fait de répréhensible, il s’est dit qu’il n’avait rien à en faire. Le temps a passé. Il est resté ferme. Il se retrouve finalement à Orbe, devant l’EPO, pour purger 2 mois de prison.
Cent vingt personnes étaient avec Nikoko mardi passé, 12 décembre, dans la pluie et dans le vent. Elles étaient là pour l’accompagner lors de son incarcération et le remercier pour sa courageuse rigueur. On m’a demandé de prendre la parole. Voici mon allocution.
Excusez-moi, je me répète. Notre société court à toute vitesse vers le mur où elle est en train de se fracasser. Nous, ici, le savons tous, beaucoup trop bien. Ça ne va pas !
Mais la majorité de notre population ne veut pas le savoir. Elle vote encore plus à droite ; elle délaisse les femmes, elle achète encore plus de SUV. Sans doute pour se rassurer.
Ce n’est peut-être pas complètement la faute de nos concitoyens. La marche rétrograde est puissamment organisée par nos autorités qui s’engagent sans faiblesse pour que l’économie technofinancière ne soit pas malmenée. Ainsi, les moyens ne manquent pas pour sauver les banques ni pour investir des milliards dans les autoroutes. L’affaire est mondiale. Ce n’est sûrement pas les décisions que la COP a pris cette nuit qui vont nous sauver.
En comparaison, les efforts pour sauver la vie et le climat sont ridiculement pauvres. On aimerait en rire. Hélas, ce ridicule tue. La courbe des morts et des dégâts va croître. Ces dernières années, grâce au COVID en particulier, beaucoup de gens ont compris la signification du mot exponentielle. C’est cela qui nous attend. C’est l’horreur. Tout le monde le sait hormis quelques imbéciles bornés.
Alors, pourquoi ne fait-on rien ?
J’aimerais comprendre !
À mon avis les gens ont peur, les dirigeants d’autant plus.
Alors refait surface la vieille réaction de panique face à un danger que l’on ne maîtrise pas : on se renferme, on se protège, on en veut aux perturbateurs – les migrants par exemple -, les activistes du climat, bien sûr. On se donne beaucoup de peine pour punir sévèrement ceux qui dérangent parce qu’ils ont raison… mais attention, cela, il ne faut pas le dire. On a proprement évacué la ZAD, on envoie le plus possible d’activistes en prison et on use et abuse des amendes qui ont le meilleur effet sur ceux qui n’ont pas d’argent.
Le système technofinancier en appel à l’ordre judiciaire, il lâche la bride à la police ; elle ne rechigne pas.
C’est la liberté qui casque !
Nikoko n’a rien fait de mal. On lui a collé une amende alors que lui n’a rien collé du tout.
Il a dit : Halt ! Je n’en ai rien à faire. La liberté n’est pas négociable. Ça suffit !
Dans notre bonne Suisse, c’est vrai, la Liberté est quand même une notion relativement bien établie. Elle ne disparaîtra pas d’un jour à l’autre. Par contre, elle se grignote. Les dégâts sont impressionnants. Je vois venir des temps plus sombres encore.
Nikoko, sans rien faire, tu t’es mis en travers d’un système liberticide.
Tu en payes le prix.
Nikoko, nous sommes là pour te dire merci !