La figure ci-dessous, rapportée dans le journal Nature du 18 janvier 2024 est intéressante. [Nature 625, 434-435 (2024). doi: https://doi.org/10.1038/d41586-024-00081-0]. Elle confirme que notre planète se réchauffe. À force d’en entendre parler, on l’avait compris. En général, le chiffres qui nous sont présentés concernent la température de surface ou celle de l’air. Ici, il s’agit de données beaucoup plus robustes. Elles concernent la moyenne de température des deux premiers km des océans du monde. [Cheng, L. J. et al. Adv. Atmos. Sci. https://doi.org/10.1007/s00376-024-3378-5 (2024)].
On note la remarquable correspondance entre les données chinoises et américaines. Elles montrent que la quantité de chaleur déposée annuellement dans les océans ne cesse de croître depuis les années 70. Actuellement, l’anomalie totale dépasse 250 zettajoules (250×1021joule). C’est beaucoup !
À priori, nous n’en sommes pas étonnés vu tout ce que nous brûlons comme combustibles fossiles. La conclusion semble évidente : il faut cesser de brûler du carbone. Ce faisant, on peut alors espérer que l’anomalie cessera aussi et que nous reviendrons à l’équilibre. Celle-ci sera sans doute un peu différente d’avant ; peut-être arriverons nous quand même à tenir la promesse de Paris qui veut stabiliser notre planète à +1,5 ou +2°C de l’état préindustriel.
Et bien non ! Les chiffres montrent que ça ne marchera pas comme cela. Par rapport à 2022, les océans ont accumulé 15 zettajoules supplémentaires en 2023. Or, la même année, la quantité de chaleur produite par la combustion des énergies fossile dans l’ensemble du monde s’est élevée à 0,6 zettajoules, c’est-à-dire 25 fois moins. Conclusion : la terre ne s’échauffe pas à cause de la chaleur que notre civilisation y dépose mais parce que nous avons déréglé le système Terre. Aïe !
Oui, il faut sortir de la civilisation du carbone mais pour revenir à la stabilité, il nous faut changer fondamentalement notre relation à la nature. Il faut le faire vite parce que le système Terre est en train de changer. On aimerait bien qu’il reste viable.