Partout, on se bat. International Crisis Group suit de près 50 conflits qui s’aggravent et se développent (https://www.crisisgroup.org/crisiswatch). Il nous informe aussi que, dans un cas, au Guatemala, la situation semble s’améliorer. Bof! Tout cela est très loin, n’y pensons pas. C’est ce que fait la Suisse qui, par exemple, redirige l’aide technique à ceux des pays en voie de développement que l’économie apprécie.
Malheureusement, il n’est pas possible d’en rester là. Les massacres qui continuent à Gaza sont insupportables. J’admire les étudiants qui ont pacifiquement occupé une partie du bâtiment de Géosciences à l’UNIL et je félicite la Direction qui a su les rencontrer calmement.
Et que fait-on avec la Guerre en Ukraine, également insupportable ? L’Europe – la Suisse avec elle – accueille, comme il se doit, ceux qui fuient leur pays. L’Europe élargie et les États-Unis envoient des armes, beaucoup d’armes. J’imagine qu’ils y joignent plus que la paperasse des modes d’emploi. Poutine et ses gens leur rendent la pareille comme ils peuvent. Officiellement, ce n’est pas la guerre, mais ça lui ressemble terriblement. J’ai cru comprendre que la cyberguerre est déjà chaude. Dans cette situation, les contorsions de la Suisse me semblent lamentables. Elles illustrent, une fois encore, l’incapacité de nos autorités d’assumer une vraie politique.
Il est vrai que la situation est compliquée. Je ne suis moi-même pas trop au clair. Quoiqu’ayant toujours été à l’écoute du GSsA (https://gssa.ch), je ne suis pas antimilitariste. Pourtant, maintenant, plus que jamais, je suis convaincu que la Suisse a tout faux en ce qui concerne la politique de défense nationale. Pourtant, notre gouvernement semble prendre la question très au sérieux. Il arrose le système avec des milliards et sacrifie même le détestable frein à l’endettement, fleuron de l’économie néolibérale ; c’est dire !
Pour faire quoi ?
Nous, citoyens lambda, n’en savons pas grand-chose. Tout ce qui concerne la politique de défense semble être un secret militaire… à moins que cette politique n’existe pas. Nous aurons les F35 ; d’urgence, beaucoup d’argent est libéré pour acheter des chars, des fusées et je ne sais quoi. Bientôt, nous serons prêts. Quand les Russes attaqueront l’Europe, la ligne de front entre Schaffhouse et Chiasso sera dissuasive. Nous aurons la force d’être neutres, comme toujours.
Vous y croyez ? Moi pas !
Tout comme la science, la défense nationale ne se limite pas à nos frontières géographiques. Notre politique de sécurité comme notre politique de la recherche ne peuvent se bien concevoir que sur une base supranationale, européenne ou mondiale. Depuis des décennies, la politique de notre pays envers l’Europe est basée sur la recherche d’accords bilatéraux. Maintenant, l’Europe rechigne ; elle voudrait une approche plus globale. À mon avis, elle a raison. Il semble que le Conseil fédéral et le Parlement commencent à s’ouvrir à cette idée. En fait, ils y sont obligés.
C’est le moment ! L’urgence politique englobée dans la crise du climat impose que notre gouvernement se mette enfin au travail. Pour que notre démocratie n’en fasse pas les frais, il faut que la démarche se fasse avec les citoyens, y compris en ce qui concerne les questions de sécurité publique et militaire.
Allez, on y va !