Grondements des terres à Ballens

Depuis une semaine (15 juin 2024), le groupe « Grondement des terres » a pris quartier dans la forêt du Sépey, au sud de Ballens, pour faire obstacle au projet de l’immense carrière que se disputent Holcim et Orllati. Il s’agit de faire comprendre au public que la course au profit de notre économie est insupportable. Il faut repenser la relation à la nature de notre société. 

Cet après midi (samedi 22 juin) les Zadistes invitaient de nouveau le public à la discussion au village de Ballens et sur « leur » site dans la forêt. La rencontre était joyeuse, conviviale et passionnante. Christine et moi y étions. J’y ai prononcé la courte allocution reproduite ci-dessous. 

Hier au théâtre de Vidy, nous avons vu la pièce de Milo Rau, Antigone en Amazonie.

L’œuvre originale de Sophocle raconte l’histoire suivante.

À la mort d’Œdipe, ses deux fils décident de se partager le pouvoir. Une année l’un, une année l’autre. C’est Polynice qui commence. Une année plus tard, son frère revient, mais Polynice refuse de céder la place. Ils se battent, ils se tuent. Créon, le nouveau roi, dictateur rigide, décide que Polynice sera laissé en pâture aux animaux. Antigone, sa sœur, refuse ce dictat humain contraire à l’ordre des dieux – ou à celui de la nature. Elle enterre secrètement son frère ; elle est dénoncée et tout finit très mal. 

Milo Rau reprend cette histoire et la place dans le contexte de la lutte, cruellement réprimée, des « Paysans sans terre » d’Amazonie. 

Je n’ai pas perçu, dans cette nouvelle version, le tragique de l’œuvre originale. Au Brésil les paysans se regroupent et grondent, beaucoup sont massacrés, mais les autres continuent ; ils sont là, ils revendiquent, ils chantent. Finalement, la pièce de Vidy est un beau message de courage et d’espoir.

Vous comprenez pourquoi je vous raconte cette histoire.

Ici, maintenant, il ne s’agit pas d’un dictateur rigide, mais d’un système mortifère qui, cruel et brutal, ne vise que le profit et la croissance. Il domine le monde. Il s’oppose à l’ordre naturel. Il conduit notre société à sa perte. C’est pour bientôt ! 

Dans les dictatures et dans les pays les plus pauvres, le peuple ne semble pas pouvoir faire grand-chose contre son esclavage. C’est faux ! Comme dans la pièce de Milo Rau, il le peut, il le fait, finalement, il vaincra, parce que, c’est la nature qui décide. 

Chez nous, en Suisse, fleuron de la démocratie, le peuple accepte servilement le système qui roule tout le monde. La statistique dit que la majorité de nos concitoyens sont bien contents. 

Elle dit aussi que les heures de bouchons sur les routes sont en rapide augmentation. La réaction est immédiate ; on va construire plus d’autoroutes, on va bétonner le monde plus encore, et on va s’en donner les moyens.

Vous êtes là ! Vous êtes les porte-parole du bon sens, de la sagesse et du courage. Vous dites « oui » à la vie, et « non » à la société qui nous tue. 

ZAD 1, ZAD 2, ZAD 3… c’est vous qui avez raison. Finalement, avec la nature, vous gagnerez.