Nature du 21.11.24, vol 635
Tian, P., Zhong, H., Chen, X., …, & Hubacek, K. (2024). Keeping the global consumption within the planetary boundaries. Nature, 635, 625. doi:https://doi.org/10.1038/s41586-024-08154-w
Nous connaissons le Donut de Kate Raworth,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_du_Donut_(modèle).
La zone verte représente l’espace sûr et juste pour l’humanité dans lequel les services que peut fournir la planète sont utilisés, mais où les limites (planetary boundaries, PB) ne sont pas dépassées.
Dans la réalité, la plupart de ces limites sont largement dépassées, mais rien n’est dit quant à ceux qui sont responsables de ces transgressions. C’est justement à cette question que l’article de Tian et al. apporte une réponse.
D’abord, l’article constitue une grande base de données sur la consommation des habitants de 168 pays représentant 98% de la population mondiale répartie en fonction de la trace environnementale des consommateurs. Le tableau ci-dessous résume les données.
Six indicateurs sont analysés. Dans le sens des aiguilles d’une montre : 1) Appropriation de la productivité primaire, 2) Émission de CO2, 3) Perte de biodiversité, 4) Eau claire, 5) Usage d’engrais phosphoré, 6) Fixation induite d’azote. Pour chacun d’entre eux, la trace environnementale de chaque décile des consommateurs (les 10% qui consomment le moins jusqu’au 10% qui consomment le plus). Le cercle rouge représente la limite de la planète (LP).
Une bonne nouvelle est qu’il devrait y avoir assez d’eau pour tous. Une autre bonne nouvelle est que le décile qui consomme le moins ne dépasse la LP dans aucun cas. Pour le reste, sans que cela nous étonne, nous réalisons ici quantitativement combien les riches abusent. Sauf pour l’eau, le décile supérieur est désespérant (ne parlons pas du 1% supérieur). Beaucoup d’autres chiffres sont donnés dans l’article.
L’article conclut avec deux bonnes nouvelles.
- Pour bien faire, il n’y a pas besoin de revenir à la caverne. Il suffit de ne pas abuser.
- L’argent ne manque pas. Il suffit de le prendre où il est.
Je rappelle ici la remarque de Piketty adressée à ceux qui pensent que ce n’est pas possible. Eh bien non, cela se faisait, le taux maximum d’imposition US dans les années 30 dépassait 90%. Si on y revenait doucement, on aurait l’argent et on garderait les un-peu-moins-super-riches parce que ceux-ci ne partiraient pas à Doha. Et même, s’ils voulaient quand même s’en aller, pas de problème, mai on garderait leurs sous ! Question de volonté politique.