La soi-disant intelligence artificielle (IA) m’obsède. J’y vois une menace immédiate contre la nature humaine. Certains pourtant s’accrochent à l’espoir qu’elle soit une science ouverte qui pourrait se développer pour le bénéfice de tous. L’idée est belle, mais je crains qu’elle soit fausse. (https://www.dubochet.ch/jacques/?p=1808.)
Dommage ! Le soupçon est maintenant confirmé par de plus solides que moi.
Widder, D.G., Whittaker, M. & West, S.M. Why ‘open’ AI systems are actually closed, and why this matters. Nature 635, 827–833 (2024). https://doi.org/10.1038/s41586-024-08141-1
La forme de l’article surprend. D’habitude, les articles de Nature partent d’un constat scientifique. Ce n’est pas le cas de celui-ci. On pourrait croire qu’il s’agit d’un pamphlet de l’association des anti-IBM-Google-Amazone-et-Meta. Il ne parle que de « on-dit », de propagande, et de mensonges. Il nous révèle que les firmes mentionnées ci-dessus investissent des milliards pour faire croire que l’IA est une science ouverte, accessible à tous. Mais non ! Il démontre surtout qu’il s’agit d’une construction, du même type, mais plus vaste encore, que celle qui assurait que la cigarette n’est pas mauvaise ou que, des piétons ou des autos, ce sont les premiers qui sont les emmerdeurs. (La comparaison est de moi.) Au-dessus des firmes mentionnées ci-dessus, le sommet de la pyramide des acteurs de l’IA est occupé par la société américaine Nividia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Nvidia), qui contrôle toute la production des cartes graphiques utilisées pour l’IA. Étant donné les lois du marché, les entreprises publiques n’ont aucune chance de régater.
Moyennant quelques formes de prudence légale, la conclusion de l’article est sans appel : nous montrons que la rhétorique autour de l’IA « ouverte » est fréquemment orientée de façon à exacerber plutôt qu’à réduire la concentration de pouvoir dans le secteur de l’IA.
Bref, l’IA est liberticide pour tous les gens comme vous et moi.
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