Huntington, S. P. (1998). The clash of civilizations and the remaking of the world order. London, Simon and Schuster.
Urs m’offre le livre en notant : « Ce livre est okay…» Lucy et Gilles connaissent aussi ce livre. Ils ne le trouvent pas OK. J’ai lu. C’est eux qui ont raison. Voilà pourquoi.Les citations de couverture placent le livre dans son contexte. Ainsi : Henry Kissinger : One of the most important books to have emerged since the end of the cold war. Ou encore : Z. Brzezinski : …A seminal work that will revolutioniue our understandin of intenational affairs.
Le contenu : Avec la fin de la bipolarité URSS-USA vient l’inévitable clash des civilisations qu’il faut essayer de maitriser en assurant que la nôtre reste la force dominante. Dans ce but, il faut limiter convenablement le domaine et les rôles des autres. La dernière phrase du livre résume : … an international order based on civilization is the surest safeguard against world war.
À la base il y a le crédo de la civilisation américaine. Il est explicite : liberté, démocratie, individualisme, égalité devant la loi, constitutionnalisme, propriété privée et christianisme (p. 305). On note que l’égalité n’est que légale et la fraternité n’est pas mentionnée.
Quand aux autres civilisations qu’il prétend analyser dans leur contexte historique, elles sont: l’Islam, agressif et dogmatique, la Chine autocentrée, le Japon, l’Inde qu’il dit peu connaitre, la Russie dont la religion orthodoxe est laborieusement promue en valeur fondamentale. L’Amérique non US mérite quelques considérations, mais l’Afrique semble ne pas exister. Dans cette analyse, je vois surtout étroitesse, raideur et superficialité. Pour l’achever, l’auteur propose une histoire-fiction de la Grande Guerre à venir (312…). Elle serait affligeante si elle n’était pas la vue à laquelle se prépare et que stimule – comme l’histoire la montré depuis – la plus puissante nation du monde. Simple, stupid et effrayant!
Quant au crédo de Huntington lui-même, il est que les civilisations qu’il décrit sont des bloques rigides et antagonistes et que l’ennemi est le multiculturalisme. (p.318). Il faut le faire pour un pays qui est vraisemblablement le plus multiculturel qui soit et dont la moitié des citoyens sont, selon ses propres définition, originaire d’autres civilisations !
Mes vues sont différentes.
D’abord la notion de civilisation n’est pas rigide comme le voit l’auteur. Les barrières que lui veut précises et immuables sont floues et mobiles. Un discours au moins aussi fort que celui présenté dans ce bouquin pourrait être développé – et d’ailleurs, il l’est abondamment – sur cette base contraire à la sienne.
Ensuite, il y a le fait que, nous humains, vivons sur la même Terre et que, à terme, la survie de la Civilisation humaine (pas la US) impose la vie commune et le multiculturalisme. Prétendre que l’avenir est à la confrontation est du même registre que de croire à la croissance continue. La solution n’est pas durable.
Oui, ce livre défend une thèse, celle de la fermeture du monde sur des blocks rigides et conflictuels. En gros, j’y vois le racisme et l’apartheid élargit au niveau mondial.
La thèse que j’aime et qui me semble incontournable pour imaginer un futur harmonieux est opposée. Elle appelle à la Civilisation Humaine dans de multiculturalisme agissant pour le bien commun.
À croire Huntington, le futur est déjà écrit selon ses vues. J’espère qu’il a tort et avec tous ceux qui partagent cet espoir – ils sont nombreux – nous nous engageons pour faire vivre la 2e thèse.
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2e interrogation liée à ce livre. Comment Urs peut-il le juger OK ?