Gilles conteste ma ferme séparation entre, d’une part, la découverte qui s’exprime au moment du “ah ah !”, quand on prend conscience de quelque chose de neuf et d’inattendu et, de l’autre, l’observation nouvelle, le “ça y est, j’y suis !”, quand on a enfin vu le merle blanc recherché ou mis en évidence une nouvelle corrélation parmi ses données. Il soutient que le système de recherche actuelle gomme cette différence.
En fait, il apparaît que, en creusant, nous sommes d’accord, mais nos points de vue sont différents. Lui, a la vue systémique de son métier. Il analyse la recherche dans son ensemble. Il dénonce la tour d’ivoire dans laquelle s’isole le scientifique prétendant « faire sa propre recherche »; il voit le groupe, la collaboration, l’innovation, la coordination Européenne, Science 2.0. Il en voit aussi pas mal de faiblesses et de limites. Moi, je suis centré sur la personne du chercheur et ses états d’âme. Je valorise mon prix Leenart, la créativité et l’imagination surprenante. À l’opposé, je crains les « science deniers »: ceux qui rejettent l’effort personnel nécessaire à l’acquisition de nouveaux savoirs, ceux qui protègent leur image du monde de peur que leur être soit remis en cause, ceux qui n’ont pas le désir d’apprendre du neuf, ceux qui prétendent que la découverte n’existe que quand elle est communiquée, ceux qui se complaisent dans le pipeautage oratoire.
Mis ensemble, ces deux points de vue sont plus intéressants. Une fois de plus la promenade prouve son excellence.