C’est à propos d’un cher ami, toubib, retraité fort actif, altruiste jusqu’au bout des ongles. Il a voté EcoPop!
D’abord, cela m’a fait faire un gros hoquet et poser la question: « Ça va la tête? »
Bon mais, en comprenant que c’est plutôt vers 4° que l’on se dirige pour la fin du siècle, en lisant le gigantesque effort de la promotion du fracking, en me faisant proprement insulter par un « ami » négationniste fâché par mes histoires d’échauffement climatique, etc., je comprends quand même que mon toubib ait ses raisons.
Nous les avons approfondies lors de notre dernière rencontre. Voici ce que j’en retiens.
1) J’aime la nature. Nous devons la protéger. L’homme ne la respecte pas.
La nature avant l’homme. Dans un tel cas, on note souvent Nature et on la considère comme la valeur suprême. Quoi de plus parfait que la Nature et ses lois? Pour bien faire, suivons la Nature.
Les philosophes appellent ça le sophisme naturaliste. Il consiste à penser que les lois de la Nature sont aussi les justes lois de la morale. C’est vieux, Humes l’a exprimé dans un magnifique paragraphe (1740, David Hume, A Treatise of Human Nature, book III, part I, section I.) Caricaturant l’idée, on admirera l’être le plus bas et on détruira les cathédrales pour valoriser la loi de la gravité. Plus sérieusement, le sophisme naturaliste fait largement ses dégâts dans le darwinisme social et le néolibéralisme. Là ne sont pas mes valeurs. J’admire l’Homme, seul être capable de raison et de responsabilité, seul être capable de diriger son destin … pas très bien, d’accord, on aimerait qu’il fasse mieux. Pour cela, il y a du boulot. Ceci nous conduit au 2e argument de mon cher toubib.
2) Je suis déçu par l’Homme. Je regrette que tu te sois trompé, mais il n’est jamais trop tard pour se corriger. Il est vrai que tout serait plus facile si l’Homme était cet être moral – à la Kant – qui est parce qu’il pense – à la Descartes. Tu es déçu parce que l’Homme n’est pas comme tu le rêvais dans tes visions idéalistes – à la Platon. Alors tu le condamnes. Tu appelles à la peine de mort, la peine de mort, non pas pour un malfaiteur, mais pour l’espèce malfaisante.
À un autre moment de la conversation, il avait été question de Badinter. Relisons-le. (Badinter, R. (2006). Contre la peine de mort. Paris, Fayard).